L’historique et les activités de notre centre

Création du centre

Le CQEPTJ a officiellement été fondé en 1997 par Robert Ladouceur, actuellement professeur émérite retraité de psychologie à l’Université Laval, dont le centre d’intérêt s’est graduellement tourné vers le jeu jusqu’à ce qu’il devienne une référence en la matière. 

Des études qui ont porté fruit

Une volonté de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au jeu a mené l’équipe du Dr Ladouceur à développer et réaliser plusieurs études fondamentales et empiriques dont la première étude de prévalence au Québec, qui s’est tenue à la fin des années ’80. Les études sur la perception du hasard (indépendance entre les tours, motivations à jouer, pensées erronées) se sont aussi développées au sein du centre à un rythme effréné au moyen d’expériences conduites en laboratoire, telle l’observation des pensées des joueurs en séance de jeu à la loterie vidéo. Ces travaux originaux ont permis de comprendre la relation entre les comportements en situation de jeu et la présence de pensées erronées. Les résultats de recherche ont bonifié et approfondi l’éventail de connaissances sur le jeu. Les travaux du centre sont d’ailleurs, depuis leur commencement, mondialement reconnus par la communauté scientifique.

La prévention et le traitement du jeu

Les travaux sur la prévention ciblent le changement des attitudes par rapport au jeu, l’amélioration des connaissances et, pour certaines clientèles qui jouent à des jeux de hasard et d’argent, le changement des comportements. 

À titre d’exemple, le CQEPTJ a été mandaté pour créer des activités de prévention s’adressant à différentes clientèles, telles des vidéos éducatives comme Lucky; le hasard, on ne peut rien y changer en 1999, dont le public cible consiste aux élèves du primaire, et Histoires de jeu en 2003, dédiées aux étudiants du secondaire. Le contenu de la vidéo Lucky  a été repris par des équipes italienne, américaine, suisse et australienne dans le cadre de mesures préventives dans leur pays respectif. 

Les tournées Au hasard du jeu I et II, tenues de 2005 à 2008 à l’intérieur de la province de Québec, ont sensibilisé le personnel œuvrant dans les établissements contenant des appareils de loterie vidéo. Ces formations visaient à informer et éduquer le personnel sur la problématique du jeu et les moyens à leur disposition pour intervenir dans le contexte de leur travail. Au Centre du hasard, un comptoir maintenant installé dans les quatre casinos et les deux salons de jeux du Québec, offre depuis 2006 des informations sur la nature et les risques associés aux différents jeux de hasard et d’argent ainsi que des stratégies pour limiter la perte de contrôle des habitudes de jeu. 

En ce qui concerne le traitement du jeu, le Programme d’évaluation et de traitement des joueurs excessifs, aussi appelé le traitement Ladouceur, a été développé en 2000 par l’équipe du Dr Ladouceur et implanté par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dans l’ensemble des centres de traitement certifiés en jeu pathologique du Québec. Ce programme en 15 séances d’approche cognitive-comportementale se centre principalement sur le travail cognitif  à effectuer avec le joueur. La première partie du traitement consiste en l’analyse d’une séance de jeu imaginée par le joueur. Ce segment permet d’identifier ce qui déclenche l’envie de jouer et la présence de pensé erronées par rapport au jeu. La seconde partie sert à préparer le travail sur les pensées erronées et porte sur la définition du hasard, les caractéristiques des jeux ainsi que l’identification des situations à risque. Le client est ensuite amené à identifier les pièges des jeux qui sont à la base de ses pensées erronées. Enfin, cette meilleure compréhension du jeu permet au client de remettre en question ses pensées erronées et de les remplacer par des pensées plus réalistes. Différents exercices et grilles d’autonotation lui sont proposés pour guider le travail cognitif. Le programme propose aussi une dimension comportementale, adaptée à la situation de vie du client. Par exemple, certains clients pourront bénéficier d’un entraînement à la communication ou à la résolution de problèmes et du travail sur l’hygiène de vie. D’autres clients qui vivent, par exemple, une crise financière ou familiale passagère bénéficieront de quelques sessions de thérapie servant à résoudre la crise, pour être mieux disposés à la poursuite du travail cognitif. Enfin, une à deux séances, en toute fin de thérapie, se centrent sur la prévention de la rechute afin que le joueur puisse se préparer à faire face à une éventuelle rechute.

Lors de la tournée de formation du traitement Ladouceur, les psychologues en charge ont visité plusieurs régions dont le Nouveau-Brunswick, la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, l'Outaouais, la Baie James, Montréal et Québec. Plus de 300 intervenants en toxicomanie, des travailleurs sociaux, des psychologues, des médecins ainsi que des avocats et des policiers ont ainsi profité de ces formations. En plus d’avoir été bien implanté dans les différents centres de traitement du Québec, le programme Ladouceur a grandement influencé l’intervention auprès des joueurs à l’échelle mondiale.

Depuis l’élaboration du programme Ladouceur, le centre est demeuré actif en matière de développement de programmes d’intervention pour les joueurs. En 2011, l’équipe de Ladouceur a développé un manuel de traitement auto-administré nommé Jeu me questionne s’adressant à toutes personnes désirant réduire ou cesser ses activités de jeu. Accompagné d’entrevues motivationnelles, ce programme de traitement auto-administré a montré sa faisabilité et sa capacité à apporter des changements comportementaux chez les joueurs. En 2015, chapeauté par Dre Giroux, le programme Jeu me questionne a fait l’objet d’une bonification et d’une évaluation rigoureuse de son efficacité. Cette évaluation a permis d’observer l’efficacité du programme pour réduire la gravité des problèmes de jeu et des habitudes de jeu des participants, et ce, jusqu’à 12 mois après la fin de l’intervention. Actuellement, le centre travaille aux moyens les plus prometteurs d’assurer la diffusion du programme Jeu me questionne; programme non encore disponible aux intervenants du réseau. Dans une autre perspective, Le CQEPTJ a aussi contribué au transfert des connaissances acquises en recherche à la communauté clinique via le communiqué Atout Hasard. Cet ouvrage distribué entre 1999 et 2005 constituait une diffusion vulgarisée de résultats de recherche pertinents pour les intervenants œuvrant en toxicomanie.

Le centre, d'hier à aujourd'hui

Depuis 2008, le centre est dirigé par Dre Isabelle Giroux. Il poursuit ses activités scientifiques en vue d’enrichir les connaissances dans le domaine des jeux de hasard et d’argent et de développer et d’évaluer des traitements novateurs pour les joueurs à risque et pathologiques. Les études menées par le CQEPTJ sous la direction de Dre Giroux sont diversifiées, au fait des nouvelles offres de jeu et dans la continuité des connaissances les plus actuelles. Pour une liste exhaustive des travaux en cours et des publications scientifiques récentes, nous vous invitons à consulter les onglets Nos recherches en cours et Nos publications scientifiques.  

Le centre, sous la gouverne du Dre Giroux, a également comme priorité la formation des étudiants qui souhaitent se spécialiser dans le domaine des jeux de hasard et d’argent. Ainsi, Mme Giroux supervise les travaux de plusieurs étudiants gradués en psychologie (maîtrise, doctorat clinique et doctorat Recherche et Intervention). Elle supervise aussi chaque année des équipes d’étudiants de baccalauréat en psychologie inscrits au cours Recherche dirigée I et II.

Dre Giroux enseigne sur une base annuelle le seul cours universitaire dédié au jeu, soit Intervention et compréhension du jeu pathologique. Ce cours donne l’occasion à plus de 120 étudiants de premier cycle d’acquérir des connaissances sur les particularités du jeu, des joueurs et des méthodes de traitement. Dre Giroux est également la professeure responsable du cours en ligne Psychologie des dépendances. Ce cours est offert à chaque session d’été à plus de 500 étudiants de premier cycle, en provenance de différentes disciplines. Il aborde les théories et modèles de la toxicomanie afin que les étudiants développent une compréhension des dépendances avec et sans substances.

En plus d’être directrice du CQEPTJ, Isabelle Giroux agit également comme chercheure responsable du Groupe de Recherche sur l’Intervention et les Fondements en Jeu (GRIF-Jeu). Cette équipe composée de chercheurs universitaires et d’intervenants en provenance des milieux cliniques spécialisés en jeu a, entre autres, comme mission d’arrimer la recherche en jeu aux besoins des milieux cliniques.

Historique du GRIF-Jeu

C’est en 2012, que le Groupe de Recherche sur l’Intervention et les Fondements en jeu, le GRIF-Jeu, est reconnu comme une équipe en partenariat en émergence par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQ-SC) et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) lors d’une Action concertée sur les impacts socioéconomiques des jeux de hasard et d’argent. En plus d’Isabelle Giroux, le GRIF-Jeu se compose de trois autres chercheurs universitaires, soit Stéphane Bouchard (Université du Québec en Outaouais), Serge Sévigny (Université Laval) et Philippe Grégoire (Université Laval), et de quatre collaborateurs cliniques soit Claude Boutin (Association des Intervenants en Dépendance du Québec), Anne-Élizabeth Lapointe (Maison Jean-Lapointe), Marie-Andrée Godin (Centre CASA) et Olivier Pelletier (Centre Hospitalier Universitaire de Québec).

En 2013, de nouveaux partenaires s’ajoutent à l’équipe déjà formée de quatre chercheurs et trois collaborateurs cliniques, soit la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, l’Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec et le Centre de réadaptation de Montréal – Institut universitaire. Les collaborations entre les chercheurs de l’équipe, la publication d’articles scientifiques et de rapports de recherche, la multiplication des co-supervisions d’étudiants gradués en psychologie et l’obtention de financement du FRQ-SC et du MSSS ont mis en évidence le potentiel du GRIF-Jeu. Ce faisant, en 2014, l’équipe obtient un financement du FRQ-SC et du MSSS pour une équipe en fonctionnement en partenariat dans le cadre du concours général de l’organisme.